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La Presse
20-07-2025
- Business
- La Presse
N'attendons pas la prochaine crise pour agir
« Entre 2023 et 2024, plus de 3000 cas de pénurie [de médicaments] ont été signalés au Canada », écrit l'auteur. Au Canada comme ailleurs dans le monde, les pénuries de médicaments se multiplient à un rythme préoccupant. Elles touchent des produits essentiels, compromettent les soins, déstabilisent les équipes médicales et créent de l'anxiété chez les patients. Il ne s'agit plus d'un enjeu ponctuel ou isolé, mais bien d'une menace structurelle pour notre système de santé. Jim Keon Président de l'Association canadienne du médicament générique (ACMG) Les causes sont nombreuses, souvent entremêlées : pressions économiques, chaînes d'approvisionnement fragiles, dépendance à l'importation, rigidité réglementaire… Entre 2023 et 2024, plus de 3000 cas de pénurie ont été signalés au Canada, avec une durée moyenne de plus de trois mois pour chacun d'entre eux1. C'est plus de la moitié des médicaments sur le marché qui ont connu au moins une rupture de stock depuis 20172. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes : nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre la prochaine crise pour agir. Face à l'ampleur du défi, notre réponse doit être à la hauteur : concertée, structurée, et surtout, durable. C'est dans cet esprit que l'Association canadienne du médicament générique (ACMG) et l'Association canadienne de la gestion de l'approvisionnement pharmaceutique (ACGAP) ont uni leurs forces pour publier un rapport commun : « Aller de l'avant : des solutions concertées pour renforcer l'approvisionnement en médicaments au Canada3 ». Ce rapport, fruit d'une analyse rigoureuse, propose cinq recommandations prioritaires qui pourraient transformer notre manière de prévenir et gérer les pénuries. D'abord, le partage d'information doit devenir plus proactif et coordonné. Trop souvent, les signaux d'alerte arrivent trop tard, alors que les ruptures sont déjà en cours. Ensuite, il faut harmoniser nos règles d'importation pour mieux tirer profit des marchés internationaux et éviter de dépendre d'un nombre trop restreint de fournisseurs. Investir Mais surtout, il faut investir. Investir dans la diversification de la chaîne d'approvisionnement. Investir dans des stocks stratégiques. Et avoir le courage de revoir les conditions économiques entourant les médicaments essentiels dont le prix, parfois trop bas pour être viable, décourage la production et compromet leur disponibilité. Les récentes annonces du président américain Donald Trump4, qui propose d'imposer des droits de douane pouvant atteindre 200 % sur les importations pharmaceutiques, illustrent parfaitement les risques liés à l'incertitude commerciale. Même si le Canada n'est pas la cible directe de ces mesures, l'industrie canadienne pourrait en subir les contrecoups, notamment en raison de ses marges étroites et de son accès crucial au marché américain. Ce contexte met en évidence la nécessité de bâtir une chaîne d'approvisionnement locale plus robuste, capable de résister aux secousses extérieures et de garantir un accès stable aux médicaments pour tous les Canadiens. Il ne s'agit pas de solutions miracles. Il s'agit de leviers concrets, identifiés par des experts de terrain, et qui ne peuvent être activés qu'à travers une véritable volonté politique et une mobilisation collective. Fabricants, hôpitaux, gouvernements, professionnels de la santé, chercheurs : tous doivent contribuer à bâtir une chaîne d'approvisionnement pharmaceutique plus résiliente. L'accès équitable aux médicaments est un pilier fondamental de notre système de santé. Chaque Canadien, peu importe où il vit, mérite de recevoir les traitements dont il a besoin, quand il en a besoin. Pour y arriver, il nous faut sortir de la logique de gestion de crise et entrer dans celle de la prévention durable. Ce rapport n'est pas une fin en soi : c'est en travaillant ensemble que nous pourrons bâtir un système plus résilient et mieux préparé aux défis à venir. 1. Consultez la page « Pénuries de médicaments au Canada : Bilan de l'année financière 2023 à 2024 » 2. Consultez le « Règlement modifiant certains règlements pris en vertu de la Loi sur les aliments et drogues » 3. Consultez le rapport 4. Lisez « Produits pharmaceutiques et cuivre – Trump menace d'une nouvelle volée de droits de douane » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


Le Figaro
09-07-2025
- Business
- Le Figaro
Assurance maladie : le Medef propose «jusqu'à 6,5 milliards» d'économies en 2026
Pour son président Patrick Martin, le meilleur moyen de pérenniser le système de santé «est de réunir les conditions pour que les déficits se résorbent». Le Medef a présenté mercredi 9 juillet 93 propositions pour maîtriser la croissance des dépenses de santé et «pérenniser» l'Assurance maladie, avec «jusqu'à 6,5 milliards d'économies mobilisables» dès le prochain budget de la Sécurité sociale. «Le meilleur moyen de pérenniser le système de santé, c'est de réunir les conditions pour que les déficits se résorbent, alors qu'on sait que la demande de santé va augmenter au fil des ans du fait de la démographie», a indiqué Patrick Martin, le président du Medef, en présentant les propositions. «Le Medef est légitime à s'exprimer» sur ce sujet, «car les employeurs financent à hauteur de 110 milliards directement ou indirectement le système de santé, à travers les cotisations patronales, les dispositifs de prévoyance et les cotisations Accidents du travail/Maladie professionnelles», a-t-il estimé. Dans ses propositions, l'organisation patronale recommande notamment «d'instaurer un ou plusieurs jours de carence d'ordre public non indemnisés par la Sécurité sociale et non pris en charge par les employeurs». Au troisième arrêt de travail d'un salarié dans l'année civile, le délai de carence pourrait également ne plus être pris en charge, suggère le Medef, selon qui cette disposition est déjà en vigueur dans le secteur de la banque. Les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale pourraient être forfaitisées (rendues identiques pour tout le monde), pour simplifier leur gestion, indique également le Medef. À lire aussi Déficit budgétaire : pour le président du Medef, une année blanche serait «un pis-aller» Publicité La pertinence des soins à revoir «Les indemnités journalières oscillent aujourd'hui entre 0,5 et 0,7 Smic» a souligné Yves Laqueille, vice-président du Medef et représentant de celui-ci au conseil d'administration de l'Assurance maladie. «Au regard de la complexité» de gestion, «mettre un forfait rendrait les choses plus aisées», a-t-il indiqué. «Évidemment il ne faudrait pas que l'État impose» un nivellement par le bas à 0,5 Smic, ce qui pénaliserait les salariés n'étant pas couvert par un dispositif complémentaire, du fait notamment leur ancienneté insuffisante, a-t-il ajouté. Dans ses propositions, le Medef met un accent particulier sur un effort de qualité et la pertinence des soins. Il est partisan «de faire de l'espace numérique de santé (Mon Espace Santé) un passage obligé», en «systématisant sa consultation par les médecins, pour certaines prescriptions, afin d'éviter les examens redondants». Il suggère de «construire des indicateurs de qualité et de performance des pratiques professionnelles» des soignants, «à commencer par les 10 pathologies chroniques les plus répandues». La qualité pourrait être «intégrée pleinement dans la rémunération» des hôpitaux publics et privés en «réservant les augmentations tarifaires aux établissements qui démontrent une réelle augmentation de la qualité», indique-t-il.